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Fragment

Toi qui ne sais rien de l’aventure de ta mort que seuls vaincus par elle nous avons à vivre sans toi côte à côte comme déjà couchés nous-mêmes dans la tombe.

Louis-René des Forêts, Ostinato

 

 

 

 

*

battant ballant ciel sous la peau et une gorgée de terre d’un coup avalée par deux fois je vous ai enchaînés toi abel toi caïn dans la voix jusqu’au silence balbutiant de la nourrice au-dessus de vos têtes j’ai étendu le plâtre chaud tous les matins une tartine jusqu’à l’autre bout calciné de l’arène le cœur du monde pourri de honte ou de peur

**

est-ce toujours ainsi un sommeil en grains petits insectes cloués qui rampent encore vous échappent vos pierres prendront racine avaleront d’autres pierres chasseront par pelletées les cris les plaies

 

***

est-ce toujours ainsi la respiration des nuits tombées en transe griffes derrière la nuque pour mieux reconnaître l’endroit où éclate le fer

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ici le ciel racle vos fronts le bleu frappe en océans de douleurs soufflez présages au-dedans météores l’herbe vous piétine vous êtes le fruit et l’écorce sous la transhumance des rochers œufs pourrissant à la place des yeux heurtant la lumière pétrifiée le jour

 

 

 

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