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Traducere de: Luiza Palanciuc
Poezie
973-8475-98-8

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Collection PONTIS

Écrire pour passer de l'autre côté, pour que chaque mot puisse respirer au-dessus d'un gouffre et qu'il donne envie de quitter à jamais ses habitudes. Écrire pour entendre la mesure même du sombre, du clair-obscur, devenue guide dans l'oubli des issues. Il fallait une collection pour montrer ces écritures qui s'offrent à mesure qu'elles avancent, qui disent le monde et ses rythmes dans une scansion sans faille, portées par l'inquiétude, qui osent aussi raconter ce moment où l'on sort de soi, où, par la seule grâce des mots, précisément, on se meut vers les autres.

Pontis voudrait rendre ces bruits de langues, ces rochers qui, souvent, s'entrechoquent dans le palais, que l'on appelle plus couramment lyrisme. Pontis refait la respiration retournée vers soi-même et portée encore plus loin, sur le billot des mots, entre les murs, frontières, les étreintes d'ennui, vies articulées sur une présence devenue frénétique: ainsi, le poème choisit-il ici un autre présent, celui qui suinte parfois les douleurs, qui cherche l'ailleurs de ses ailes, tous verbes tendus. Appendices des corps blessés, ces passerelles se déploient d'une langue à l'autre, sans autre suspension que la peur du vide, du recul, du renvoi. Ce sont des œillades par-dessus le siècle; sauts en avant, ensuite lévitation de la respiration, ce qui vrille, chavire des fois, entre les mains du traducteur.

Il vous faut entendre l'appel du naufragé, le fouet dans la bouche des convives. Il y a là des silences qui crient, des puits de vacuité, des flots qui se laissent engloutir. Pontis dit l'impalpable passage et, à travers lui, quelque chose qui est éprouvé: un écho, un reflet, un secret - effets de réel, toujours, mais qui s'ouvrent à l'infinie latence, la débordant; l'éblouissement de l'illimité: lorsque l'on voit sans regarder, l'on entend sans écouter, l'on parle sans dire mot.

Systole - diastole, dehors - dedans, opera pontis: il y a là une (entre)vision troublante, une enfilade de miroirs, l'entier du temps et de l'espace en une expérience poétique. Il s'agit à chaque instant d'une énergie proprement langagière portant le texte, se prolongeant jusqu'à ce que le regard du poète nous devienne insoutenable.

Et parce que de l'autre côté du miroir les morts tourbillonnent les vivants, parce qu'il y a des vertiges, des trajets simples ou allers et retours, parce qu'il y a des labyrinthes et des lignes droites, des pages blanches et des pages noircies, advienne le poème pour qu'un autre être puisse l'inspirer, puisse l'expirer, puisse dire:

Connais-toi toi-même et oublie-toi quelquefois.

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