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Palimpseste
973-8475-90-2

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Palimpsest?



Il y a des textes courts, écrits par des auteurs importants - essais, conférences, articles de presse, esquisses, textes de critique littéraire - qui s'adressent à l'instant même où ils ont été écrits, et que nous retrouvons, habituellement, dans des volumes d' « Œuvres complètes », dans des « Anthologies » ou cités en diverses études. Ces textes n'arrivent pas à prendre la forme d’un livre à proprement parler, les causes étant éminemment économiques et culturelles: un livre de 15 pages n'est pas dix fois moins cher qu'un autre de 150 pages; un livre de 15 pages n'est plus un « livre ».

Un tel objet, si mince, semble être une chose dépourvue de sérieux dans un monde où l'obsession de l'écrit est en train de devenir une pathologie collective et universellement répandue, dans un monde où les actrices écrivent leurs « Mémoires » en quelques volumes, à l'âge de 30 ans à peine, et où chaque homme politique qui n'a pas encore écrit au moins la moitié d'un kilogramme d'analyse sur l'impasse actuel et encore deux cent cinquante grammes de visions d’avenir, peut dire « Adieu! » aux prochaines élections.

Un livre de 15 pages risque de provoquer la pitié du libraire et la disgrâce des lecteurs habitués aux livres « sérieux ».
On comprend alors que pareils textes n'arrivent pas à attirer les maisons d'édition.

En lisant « La pompe à morphine » de Lucian Pintilie, j'ai eu, chez LiterNet, une double révélation. Tout d'abord, celle de découvrir un Pintilie ayant le don de l'écriture autant que celui du film. Ensuite, j'ai compris que, pour une maison d'édition virtuelle, ce genre de textes courts ne posait aucun obstacle. Au contraire, c'est ce genre de texte qui est le mieux adapté au virtuel: il peut être relativement rapide à formater pour l'éditeur et vite lu, directement à l'écran, le temps d'une « pause cigarette » entre deux travaux dans la journée. Avons-nous à faire à une nouvelle forme de consommation de la littérature, plus adaptée à notre style de vie - moderne, stressé et chaotique? Peut-être bien...

C'est ainsi que naquit l'idée de la collection « Palimpseste », où nous avons l'intention de publier des textes courts, écrits par des auteurs importants, dans un format qui leur soit propre, des textes qui n'ont rien à envier aux livres ayant un nombre de pages considérable.

Le palimpseste est, on le sait, un manuscrit sur parchemin, dont la première écriture a été effacée ou lavée et sur lequel un nouveau texte a été écrit. Mais il est également un véritable modèle dans la critique littéraire post-structuraliste: l'écriture ne se fait jamais dans le vide, mais bien dans la présence de tous les autres textes; le langage « raconte » les êtres et non l'inverse.

Sans nous plonger dans des subtilités académiques, nous avons la conviction que « Palimpseste » est le nom qui convient le mieux à notre collection de textes courts: ainsi, vous pourriez regarder tous les volumes comme étant un seul et unique, réécrit à chaque fois par un autre auteur.
Nous sommes honorés que le premier qui écrit ce texte - que nous voudrions voir réécrit à l'infini pour le plaisir de nos lecteurs - soit Lucian Pintilie!

Rédaction LiterNet




Monsieur Pantili, le metteur en scène des mots


Après avoir fini de lire « La pompe à morphine », je suis arrivé à me demander si les films de Pintilie me plaisaient autant que ses textes. Une question idiote, bien évidemment, mais qui a, tout de même le mérite de mettre en évidence l’importance des classifications et des spécialisations de nos jours: on s’attendrait presque à ce qu’un metteur en scène ou un chorégraphe soit un écrivain médiocre! Erreur! Grande erreur!

« La pompe à morphine » est un discours prononcé au Collège « New Europe », le 8 décembre de cette année - vous pouvez remarquer qu'une maison d'édition virtuelle peut faire des merveilles en matière de temps -, un texte sur la mort et la souffrance; sujet terriblement difficile à traiter sans tomber dans le pathétique, le ridicule ou dans le plus banal attendrissement. Un sujet que Pintilie traite magistralement, avec ironie, dans un seul plan continu qui capte entièrement l'attention du lecteur. La révolte de Pintilie contre le discours froid et optimiste de l'assistent blond, contre l'hypocrisie d'une idéologie ayant pour mission d'éliminer la souffrance dans le monde, m'a fait penser à Baudelaire et à son héroïque inconscience de sauver, par la poésie, le mal de nos discours hypocrites.

« La pompe à morphine » est un véritable traité de lucidité. Le fait qu'il ne tient qu'en 25 pages ne le fait moins « traité » que tant d'autres; seulement, nous devrions nous attendre de ceux qui examinent la médecine ou la mécanique des automobiles qu'ils soient douteux s'ils pèsent moins d'un kilogramme. En voici un qui vous apprend, en 15 minutes, comment jouer des tours aux hypocrites du « politiquement correct ».

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