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Pierre-songe

Avec le livre de Luiza Palanciuc, Pierre-songe, LiterNet ouvre ses espaces virtuels à une section spéciale de la littérature roumaine.

Non, je ne me suis pas trompée... ce livre appartient autant à la littérature roumaine qu'à la littérature française, à laquelle il est assimilé par la langue d'adoption de son auteur.

Les auteurs qui se trouvent dans deux mondes littéraires, dans deux cultures différentes, viennent s'insérer tout naturellement dans cet espace virtuel, un espace qui ne leur offre pas seulement une demeure passagère, mais aussi, et avant tout, une philosophie de la création.

Riche d'un glorieux précédent d'entre les deux guerres - prolongé par ceux qui ont choisi un ailleurs, ensuite - , il est fort probable que nous assistions aujourd'hui à l'arrivée de toute une génération d'écrivains bien ancrés, matériellement parlant, dans la littérature de leur pays d`adoption. Mais une génération qui reste, malgré tout, attachée, par sa spiritualité et par son mode d'expression, au pays d'origine.

Motif d'inquiétude? Non, il ne s'agit pas de cela.

Je pense que c'est plutôt une chance que nous avons de pénétrer avec plus de facilité là où les traductions ne sont pas toujours aisées. C`est la chance de la littérature roumaine d'offrir des écrivains au monde.

Le livre que nous vous proposons aujourd'hui, Pierre-songe, est le premier d'une série qui, peut-être, sera un avant-poste de notre littérature dans la littérature universelle.

Volume de textes poétiques, volume de poésie... J'ai longtemps hésité pour trouver la définition exacte et même le classer dans un genre littéraire. Ensuite, j'ai constaté que je ne voulais pas classifier, étiqueter, comprendre par une immersion dans un genre prochain parce que ce qui compte dans ce livre particulier est sa différence spécifique.

Ce livre est un poème de la pierre-pensée, une glorification du silence qui glisse sur le tourment. Luiza Palanciuc n'écrit pas pour se dévoiler; elle écrit plutôt pour exorciser. Ses mots sont l'expression intellectuelle d'états profonds, impossibles à montrer autrement que dans une pétrification des pensées devenues solides. Elle n'utilise pas de symboles habituels, ne s'efforce pas de nous prendre à témoin, ni de décrire. Il s'agit là d'une autre herméneutique.

Les différentes interprétations successives sont perceptibles, mais, au-delà de notre compréhension à la surface du texte écrit, les lecteurs ne peuvent cueillir que des pierres-pensées. L'unique symbole est la pierre. L'unique réalité est la pierre comme un unique pont entre l'âme et la pensée.

Les pierres sont en même temps personnages et expression par laquelle le texte se dit lui-même. Et de cet échange continu de rôles naît l'éphémère: pierres qui perdent de leur solidité universelle pour ne garder que le glissement, propre au rêve.

Même si au début il semble fragmenté, il n'y a aucun doute que ce texte est une seule pensée. Une fois à l'intérieur, on trouve les règles du glissement, le glissement de la pierre, pierre-pensée qui se montre pour mieux cacher, hermétiquement, un secret montré juste un instant. Heureux celui qui, saisissant l'instant, le perçoit avec la tête et le laisse aller vers l'âme, ensuite! Tout le mystère des pierres est là: elles englobent dans leur solidité matérielle le tourment de Luiza, pour le montrer au lecteur qui, par une alchimie personnelle, peut le transcrire pour le transformer en sentiment, plus loin...

Et, dans cet univers-tourment, viennent s'implanter merveilleusement bien les encres de Florina Ion... exactement dans les endroits laissés libres par les pensées en pierre.

Texte et dessin forment un alliage précieux dans les éclats de la pierre-diamant.

Pierre-songe, pierre-ponce et les encres de Chine: un mariage solide de matière, expression et pensée.

Pierre-ponce qui scie l'oubli, polit, cire la pierre-songe-pensée-chimere.

Les encres de Chine donnent contour à l'idée enfouie dans les pierres de Luiza: pierres roulées jusqu'a la crucifixion en langage interrogateur.

Crucifiée, offrande... et non pas jetée à la face du monde; telle est la Pierre-songe de Luiza Palanciuc.

(Version française par Geta Rossier)

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